Si vous cherchez un tant soit peu les dernières actualités graphiques sur les réseaux sociaux, et plus récemment le scandale autour du salon du livre et du hashtag #PayeTonAuteur, vous n’avez sans doute pas échappé à la vague d’indignation autour des « gratuistes ». Mais un gratuiste, qu’est-ce que c’est ?
Issu des mots graphiste et gratuit, un gratuiste est une personne qui se dit graphiste mais qui travaille à moindre prix, voire pour rien du tout si ce n’est de la publicité.
D’où vient cette polémique ?
Quand je vois passer la 3e annonce de recherche de stagiaire graphiste gratuit
Tout d’abord ce débat a été (et est toujours) largement poussé par les réseaux sociaux où on peut voir des twittos proposer des logos à 3€ et des clients qui ne veulent pas débourser un centime pour quoi que ce soit sous prétexte qu’ils n’ont pas le budget ou que c’est une passion et pas un « vrai travail ». La discussion a aussi été engagée suite au concours d’affiche de la fête du cinéma 2017 qui offrait 5000€ à l’heureux élu. Ainsi, ils ont reçu des centaines de propositions d’affiches sans débourser 1 centime alors que choisir un seul graphiste leur aurait valu seulement quelques propositions mais aurait permis à un freelance de vivre de son métier, et aux autres de ne pas travailler pour rien.
Plus récemment, c’est la ville de Lyon qui s’y est mise avec un appel d’offre pour une charte graphique sans jamais parler rémunération. Et ce n’est malheureusement pas la seule ! Il s’agit le plus souvent de grosses structures donc, parfois publiques et avec des budgets qui permettent largement de payer un graphiste qui aura fait un devis au préalable, payé le RSI et déclaré ses impôts.
Cette polémique est aussi due à un ras-le-bol des graphistes qui voient passer de nombreuses annonces demandant une prestation rapide et gratuite, ou avec un prix déjà défini et trop bas, ou payée « avec de la pub ».
Pourquoi c’est dérangeant ?
Parce que ça dévalorise la profession
Quand je lis qu’un logo à plus de 3€ c’est « cher »
Nombreux (voir tous) sont les créatifs se amenés un jour ou l’autre à devoir prouver et expliquer la valeur de leur travail. Beaucoup de personnes ne comprennent pas pourquoi un graphiste facture « cher » – tout est relatif – alors que « c’est une passion plus qu’un travail ». Ou encore pourquoi il facture un logo 800€ alors que sur certains sites on propose des logos personnalisés à 5€. Ces commanditaires s’étonneront quelques semaines plus tard de voir leur logo sur le site d’une autre entreprise avec le même pictogramme mais un texte modifié car leur logo sera sorti d’un générateur de logo par exemple, ou alors il sera copié sur quelqu’un d’autre.
Oui c’est une passion, comme un pâtissier aime faire des gâteaux, mais est-ce qu’il offre ses pâtisseries pour autant ? Non, car dans le prix du gâteau il y a les ingrédients, mais aussi le financement des locaux, de l’électricité, du four etc etc. Ce n’est pas en lui promettant de dire à tout le monde que ses gâteaux sont bons qu’il va payer tout ça. Ce qui nous amène au deuxième point :
Parce que ça ne paie pas les factures des graphistes professionnels
Quand on propose à un graphiste d’être payé en publicité
Lorsqu’il fait son devis, le graphiste comprend sa rémunération, mais aussi les charges que sa prestation va devoir lui couter : charges sociales, électricité, suite Adobe, connexion Internet, loyer, café… De plus les droits d’auteurs et de diffusion d’une création doivent être facturés aussi. Ce n’est donc pas en offrant un peu de visibilité en échange que le graphiste pourra vivre de son métier.
Une petite vidéo pour récapituler tout ça :